M. Maliki promet d'agir contre les Kurdes du PKK en Irak


8 août 2007 | Cécile Hennion (Avec Reuters et AP)

Après les menaces répétées de la Turquie d'intervenir militairement dans le Kurdistan irakien si les autorités de Bagdad, ou leurs alliés américains, n'expulsaient pas eux-mêmes les groupes armés du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui s'y trouvent, la tension a baissé d'un cran.


AFP/STR
Lors d'une visite à Ankara, mardi, le premier ministre irakien Nouri Al-Maliki (G) a promis à son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, qu'il agirait contre les activistes du PKK qui attaquent d'Irak le sud-est de la Turquie.

Mardi 7 août, à l'occasion d'une visite à Ankara du premier ministre irakien, Nouri Al-Maliki, à son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, les deux pays se sont engagés à unir leurs efforts pour lutter contre les organisations terroristes en Irak, dont le PKK.

"Notre satisfaction dépendra du respect de ces engagements, mais je peux dire que nous avons vu des signes encourageants" de la part de l'Irak, a déclaré à Reuters un responsable du ministère turc des affaires étrangères. Pour le moment, les chefs de gouvernement irakien et turc ont signé un document portant sur plusieurs volets de la coopération entre les deux pays, dont la sécurité. Mais M. Maliki a promis que ce texte débouchera sur une solution qui permettra d'"éliminer la présence" du PKK en Irak.

Mouvement sécessionniste de Turquie à sa création en 1984, le PKK est aujourd'hui inscrit sur les listes des groupes "terroristes" des Etats-Unis, de l'Union européenne et des Nations unies. Depuis l'arrestation, en 1999, de son fondateur et dirigeant Abdullah Öcalan, le PKK assure qu'il a abandonné toute visée sécessionniste pour ne revendiquer que la "reconnaissance" des droits des Kurdes. Mais il refuse de déposer les armes. Bannis de Turquie, ses partisans ont trouvé refuge dans les montagnes du nord de l'Irak, d'où ils lancent des raids contre l'armée turque. Leur présence embarrasse le gouvernement régional kurde d'Irak, qui cherche à préserver de bonnes relations avec ses puissants voisins.

Jalal Talabani, dirigeant kurde historique et actuel président de l'Irak, était parvenu à faire accepter au PKK l'idée d'une trêve unilatérale. Décrétée le 1er octobre 2006, après plusieurs bombardements de l'aviation turque sur leurs positions, la trêve n'a jamais été reconnue par M. Erdogan. Depuis, les heurts se sont multipliés. Depuis janvier, près de 80 soldats turcs ont péri dans des raids lancés par les rebelles kurdes. Mardi, un lieutenant a encore été tué dans une attaque à l'explosif dans la province d'Hakkari (sud-est de la Turquie).

Reste à savoir quelle sera la marge de manoeuvre du premier ministre irakien pour remplir ses engagements envers la Turquie. Très affaibli au sein de son gouvernement après la démission et le boycottage de 17 de ses ministres, M. Maliki devra compter sur l'aide des dirigeants du Kurdistan où, selon un accord signé avec Bagdad, seuls les peshmergas (combattants kurdes) sont habilités à se battre.