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Référendum kurde: Erdogan met en garde contre un risque de "guerre ethnique"


Mardi 26 septembre 2017 à 17h13

Ankara, 26 sept 2017 (AFP) — Le président turc Recep Tayyip Erdogan a mis en garde mardi contre un risque de "guerre ethnique et confessionnelle" si le Kurdistan irakien menait à terme son projet d'indépendance auquel Ankara s'oppose fermement.

"Si (le leader kurde irakien Massoud) Barzani et le gouvernement régional du Kurdistan ne reviennent pas très vite sur cette erreur, alors ils passeront à l'histoire avec l'ignominie d'avoir poussé notre région dans une guerre ethnique et confessionnelle", a dit M. Erdogan lors d'un discours télévisé.

Ces déclarations surviennent au lendemain d'un référendum d'indépendance qui s'est tenu dans la province autonome kurde du nord de l'Irak, en dépit des appels répétés de plusieurs pays à annuler ou repousser le scrutin.

La Turquie, où vivent quelque 15 millions de Kurdes, redoute que la création d'un Etat kurde à sa frontière ne fasse tache d'huile, alors qu'Ankara est confronté à une sanglante rébellion séparatiste dans le sud-est de son territoire.

M. Erdogan critique particulièrement l'inclusion dans le référendum d'indépendance de la ville multiethnique de Kirkouk, où vivent notamment des Kurdes, des Arabes et des Turkmènes.

Qualifiant le scrutin de "trahison" envers la Turquie, M. Erdogan a de nouveau exhorté les autorités kurdes irakiennes à "abandonner cette aventure dont l'issue ne peut qu'être sombre".

Malgré les relations commerciales fructueuses qu'Ankara et Erbil ont développées ces dernières années, le président Erdogan a menacé de fermer la frontière terrestre et "les vannes" de l'oléoduc qui permet au Kurdistan irakien d'exporter, via le port turc de Ceyhan (sud), la majeure partie de son pétrole.

"Dès que nous aurons fermé les vannes, ce sera terminé. Tous leurs revenus s'évaporeront", a dit le chef de l'Etat turc, sans avancer de date pour une telle initiative.

M. Erdogan avait déjà évoqué une telle mesure de rétorsion lundi, provoquant une hausse du cours de pétrole à New York, où le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en novembre a clôturé en hausse de 3,08%, à 52,22 dollars le baril, au plus haut depuis la mi-avril.

"Quand les camions cesseront de traverser la frontière vers le nord de l'Irak, ils (les Kurdes irakiens) ne trouveront plus rien à manger, ni de quoi se vêtir", a-t-il encore dit.

La Turquie mène par ailleurs ostensiblement depuis une semaine des manoeuvres militaires à la frontière, avec la participation de quelques unités de l'armée irakienne.

En outre, le représentant du Parti démocrate du Kurdistan (PDK) de M. Barzani en Turquie, Omer Mirani, a été décrété personna non grata par Ankara, selon le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu.

"S'il s'était trouvé ici (en Turquie), nous lui aurions demandé de partir. Mais comme il se trouve actuellement à Erbil, nous lui avons dit : +Ne reviens pas+", a déclaré M. Cavusoglu à la chaîne 24 TV.

M. Erdogan a par ailleurs critiqué mardi le soutien d'Israël au référendum d'indépendance kurde. "Qui reconnaîtra votre indépendance ? Israël. Mais le monde ne se limite pas à Israël", a-t-il lancé.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.