Page Précédente

Nouveau gouvernement au Kurdistan irakien


Mercredi 10 juillet 2019 à 13h34

Erbil (Irak), 10 juil 2019 (AFP) — Le Kurdistan irakien s'est doté mercredi d'un gouvernement sans toutefois attribuer le portefeuille du pétrole qui échoit de fait au Premier ministre Masrour Barzani, tenant de l'intransigeance face à Bagdad sur ce dossier sensible.

Près d'un mois après la nomination de Masrour Barzani, fils du leader kurde Massoud Barzani, 88 députés sur 111 membres du Parlement de la région autonome ont accordé leur confiance à 21 ministres.

Comme à l'habitude au Kurdistan irakien, les deux partis historiques, le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de Massoud Barzani et l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) du défunt président de l'Irak Jalal Talabani, se sont taillés la part belle.

Le PDK, grand vainqueur des législatives de l'automne, obtient neuf ministères --en plus du poste de Premier ministre, de celui de son chef de cabinet, et du poste de président du Kurdistan, attribué au cousin de Masrour Barzani, Netchirvan Barzani. L'UPK gère six portefeuilles et le fils de Jalal Talabani, Qubad Talabani, conserve son poste de vice-Premier ministre.

Le parti Goran, qui se présente comme une alternative à la gestion familiale de la région autonome du nord irakien, compte quatre ministres au gouvernement. Le Parti socialiste du Kurdistan en a un et un dernier est attribué à la minorité chrétienne en vertu d'une politique de quota.

Faute de candidat pour le poste de ministre des Ressources naturelles --le pétrole principalement--, le poste reste aux mains du Premier ministre.

L'or noir est la principale pomme de discorde entre les autorités fédérales à Bagdad et Erbil, capitale du Kurdistan irakien.

Les premières imposent aux Kurdes l'obligation de leur reverser les revenus générés par les 250.000 barils par jour exportés du Kurdistan. En échange, elles s'engagent à donner une part du budget fédéral à Erbil et à payer les salaires de ses fonctionnaires.

Régulièrement, les deux parties s'accusent d'avoir failli à leurs engagements respectifs.

Selon les experts, Masrour Barzani représente le courant le plus nationaliste du PDK et affiche une certaine intransigeance vis-à-vis de Bagdad, alors que Netchirvan Barzani incarne une ligne plus consensuelle.

Mercredi, le Premier ministre a évoqué les principaux défis de son gouvernement.

Tout d'abord, a-t-il promis, une délégation gouvernementale kurde se rendra prochainement à Bagdad pour renforcer les relations.

Ensuite, les ministres devront tenter d'affronter la grave crise financière qui touche le Kurdistan depuis plusieurs années.

"Le gouvernement a actuellement 14 milliards de dollars de dettes", a-t-il déclaré, alors que la région, un temps paradis des investisseurs dans un Moyen-Orient déchiré par les crises, recherche aujourd'hui désespérèment à redresser son économie, grevée par la corruption, et peine souvent à payer ses fonctionnaires.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.