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Iran: répression d'une manifestation dans une prestigieuse université


Lundi 3 octobre 2022 à 12h39

Paris, 3 oct 2022 (AFP) — De violents affrontements ont éclaté entre étudiants et forces de sécurité dans une grande université de Téhéran, plus de deux semaines après le début des manifestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini, ont indiqué lundi des médias d'Etat et des ONG.

Le décès de cette Kurde iranienne de 22 ans le 16 septembre, trois jours après son arrestation pour infraction au code vestimentaire strict de la République islamique qui oblige notamment les femmes à porter le voile, a donné lieu aussi à des rassemblements de solidarité avec les femmes iraniennes dans de nombreuses villes du monde, notamment à Paris encore dimanche.

Le mouvement de contestation en Iran, le plus important depuis celui de 2019 provoqué par la hausse des prix de l'essence, est entré dans sa troisième semaine et la répression s'est accrue.

De violents incidents se sont produits dans la nuit de dimanche à lundi dans l'Université de technologie Sharif à Téhéran, la plus prestigieuse d'Iran, où la police anti-émeute a tiré des billes d'acier et des gaz lacrymogènes contre des étudiants qui protestaient, selon l'agence de presse iranienne Mehr.

"Femme, vie, liberté", "les étudiants préfèrent la mort à l'humiliation", ont-ils scandé selon Mehr, ajoutant que le ministre iranien des Sciences était ensuite venu à l'université parler aux étudiants en vue de calmer la situation. Des incidents sont également survenus à l'université d'Ispahan (centre).

Le guide suprême iranien, Ali Khamenei, a accusé lundi les Etats-Unis et Israël ainsi que leurs "agents" d'avoir fomenté les manifestations, dans sa première réaction depuis le début du mouvement.

Le président iranien, l'ultraconservateur Ebrahim Raïssi, a lui aussi accusé dimanche les "ennemis" de l'Iran de "conspirer" contre son pays.

- "N'ayez pas peur!" -

Le ministère iranien du Renseignement avait indiqué vendredi que neuf ressortissants étrangers -- notamment de France, d'Allemagne, d'Italie, des Pays-Bas et de Pologne -- avaient été arrêtés en lien avec les manifestations.

Une globe-trotteuse italienne de 30 ans, Alessi Piperno, a affirmé être détenue en Iran et appelé à l'aide, selon les déclarations de ses parents publiées lundi dans la presse italienne.

Pour la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, il est "difficile de supporter ce qui se passe à l'université #Sharif en #Iran", a-t-elle tweeté: "Le courage des Iraniens est incroyable. Et la force brutale du régime est l'expression de la peur pure et simple du pouvoir de l'Education et de la liberté".

De son côté, l'ONG Iran Human Rights, basée à Oslo, a publié deux vidéos, l'une montrant apparemment des policiers iraniens à motos poursuivant des étudiants qui courent dans un parking souterrain, et l'autre, des policiers à moto emmenant des personnes dont la tête est recouverte de sacs en tissu noir.

Sur d'autres images mises en ligne, que l'AFP n'a pu vérifier de manière indépendante, on peut entendre des tirs et des cris alors qu'un grand nombre de personnes courent dans une rue la nuit.

Dans une vidéo tournée selon l'IHR dans une station de métro de Téhéran, une foule scande: "N'ayez pas peur! N'ayez pas peur! Nous sommes tous ensemble!".

Le Centre pour les droits de l'homme en Iran (CHRI), basé à New York, s'est dit "extrêmement préoccupé par les vidéos provenant de l'Université Sharif et de Téhéran aujourd'hui, montrant une répression violente des manifestations".

Au moins 92 personnes ont été tuées en Iran par la répression depuis le début des manifestations, selon cette agence qui s'efforce d'évaluer le nombre de morts malgré les coupures d'Internet et les blocages d'applications comme WhatsApp ou Instagram et d'autres services en ligne en Iran.

Les autorités iraniennes affirment quant à elles qu'environ 60 personnes parmi lesquelles douze membres des forces de sécurité ont été tuées depuis le 16 septembre.

Par ailleurs, 41 autres personnes ont péri lors d'affrontements vendredi dans la province du Sistan-Baloutchistan (sud-est), selon l'IHR citant des sources locales, sans être en mesure de préciser si ces violences sont liées à la mort de Mahsa Amini.

bur-bfi/sw

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.